Quelques techniques courantes de propagande

5 novembre 2012 § Poster un commentaire

Les techniques de propagande sont des approches et des méthodes de communication utilisées pour répandre des idées visant à promouvoir une cause – politique, commerciale, religieuse ou civile. On cherche à manipuler la raison et les émotions d’un spectateur, d’un lecteur, d’un auditeur et à le persuader de croire en quelque chose, d’acheter un article ou d’adopter des comportements particuliers.

La diversion : Elément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes.

Le choix d’un bouc-emissaire, un groupe déjà stigmatisé et rejeté de la société, auquel on impute les differents problèmes rencontrés par la population. (Ex: les Noirs, les Juifs, les Arabes, les Roms,  les étrangers…).  Cette technique sert également à faire diversion et à éteindre le feu dans le cadre de la communication de crise, pour étouffer une affaire ou un système généralisé : Kerviel à la Société Générale, La Roumanie puis les traders néerlandais et enfin Spanghero pour l’affaire de la viande de cheval, …

la stratégie du dégradé : Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution si ils avaient été appliqués brutalement.

La stratégie du différé : Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.
Exemple récent: le passage à l’Euro et la perte de la souveraineté monétaire et économique ont été acceptés par les pays Européens en 1994-95 pour une application en 2001. Autre exemple: les accords multilatéraux du FTAA que les USA ont imposé en 2001 aux pays du continent américain pourtant réticents, en concédant une application différée à 2005.

Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion : Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…

S’adresser au public comme à des enfants en bas age : La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Exemple typique: la campagne TV française pour le passage à l’Euro (« les jours euro »). Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi?
« Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans. » (cf. « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »)

Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise : Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et sa manipulation.
« La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être de la plus pauvre sorte, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. » (cf. « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »).

Valorisation sémantique : On a recours à des mots qui ont une connotation positive pour les individus et qui sont liés à des concepts hautement valorisés. Quand ces mots sont utilisés, ils sont acceptés d’office. On a recours à la valorisation sémantique en employant des mots comme honneur, gloire, amour du pays et liberté.

Euphémisme et dissimulation. Cette fois les mots servent à occulter le caractère de ce dont on parle, à le banaliser ou à lui ôter ses implications les plus gênantes. Frappe chirurgicale sonne mieux que bombardement et « les événements d’Algérie » évoque moins la gravité de la situation que « la guerre d’Algérie ».  Licenciement = plan de sauvegarde. Capitalisme = développement. Domination = partenariat. Pauvres = défavorisés. Vieux = troisième age puis senior. Pays sous-développés = pays en voie de développement, puis pays émergents. Aveugles = non-voyants. Chômeurs = demandeurs = prospecteurs = candidats à l’emploi. Licenciements collectifs = plan de sauvegarde de l’emploi. Voir: Comment se désintoxiquer de la langue de bois.

Oxymore : Mettre un terme positif à côté d’un terme négatif pour lui conférer une connotation sympathique : développement durable, discrimination positive, entreprise citoyenne, croissance négative… « Prenez l’égalité des chances, par exemple, explique Franck Lepage. Si on prend le temps d’y réfléchir calmement, on s’aperçoit que ça veut précisément dire inégalité. En gros, ça revient à dire que le lapin et la tortue, ils ont la même ligne de départ. »

Pléonasme : on continue de bien s’amuser avec la démocratie participative, le lien social ou encore la solidarité active.

Les imprecisions consistent à citer des documents, des statistiques sans en donner la source, pour donner au discours une valeur scientifique, que la population sera plus encline à croire, sans pour autant pouvoir aller les vérifier.

L’utilisation d’un slogan, trés facile à retenir et qui marque durablement les esprits. La population ne cherche pas à creuser et retient l’idée qu’on veut lui faire passer. (Ex: en Allemagne nazie, « unsere letzte hoffnung Hitler » qui signifie « Notre dernier espoir, Hitler »)

Argumentation fallacieuse : L’argumentation fallacieuse ou l’omission sélective est très efficace pour convaincre la population. On ne présente que les aspects positifs d’une idée ou d’une proposition et on omet les aspects négatifs.

Facteur de popularité : Le facteur de popularité est l’une des techniques de propagande les plus courantes. C’est un appel au ralliement à la foule parce que « tout le monde le fait ». On a recours au facteur de popularité pour convaincre une personne qu’un camp est « meilleur » que l’autre parce que davantage de gens l’ont joint. En temps de guerre, les gens sont portés à croire que puisque autant de gens ont joint une cause ou un camp, la défaite est impossible et la victoire peut être anticipée.

Révisionnisme : Les révisionnistes présentent une version « remaniée » des événements historiques. Ils réorganisent les faits afin de promouvoir leur propre interprétation de l’histoire. La redefinition de l’histoire consiste à réecrire une partie de l’histoire de façon à mettre en valeur ses idées : Staline usa de cette methode, en particulier en effaçant certains de ses opposants sur les photos, comme Trotsky ou Kamenev par exemple.

Autorité religieuse ou légitimité scientifique : On a recours à l’écriture et à la terminologie religieuses pour donner l’impression que les affirmations sont sanctionnées par Dieu. L’emploi de vocabulaire scientifique ou médical suggère une légitimité ou une autorité factuelle objective. L’appel à l’autorité consiste à citer une personne influente pour soutenir les arguments énoncés.  La population sera plus confiante envers une source d’autorité qu’envers un inconnu.

Témoignages d’appréciation : citer des personnalités prestigieuses, «des scientifiques», «des intellectuels», les «autorités morales» voire des vedettes. Sans se demander si le fait de très bien chanter ou d’être un remarquable spécialiste de la biologie moléculaire donne compétence pour parler réforme fiscale. Approbations qui visent à lier une personne célèbre ou respectable à un produit, une proposition ou une cause. On a souvent recours aux témoignages d’appréciation dans la publicité et les campagnes politiques.

Stéréotype : On réduit une situation complexe au choix entre « bien » et « mal ». Brillantes généralités et noms prestigieux. Le propagandiste accole un terme évoquant le Bien, le Juste, le Beau… à ce qu’il désire promouvoir. Le « camp de la paix » ou l’opération « juste cause », l’appel à tout bout de champ à la tolérance ou à la patrie servent ainsi à capter le prestige de valeurs pour paralyser la critique. Qui se dirait contre les Travailleurs, la Diversité ou l’Autre ?

Transfert et fausses connexions. Il s’agit d’associer la cause que l’on défend (ou inversement) avec des symboles plus généraux positifs ou négatifs suivant le cas : drapeaux, prières, images de héros et de grands hommes, emblèmes de la Nation, références à la Science… Le but est de s’approprier le prestige d’une valeur positive ou, au contraire de lier l’adversaire à la Barbarie, à l’Archaïsme, au Fascisme. On a recours à cette technique pour lier des sentiments négatifs à un objet, ou pour lier une proposition ou une cause à quelque chose que le public respecte ou apprécie. En période de guerre, on utilise cette technique pour transférer la faute ou les mauvais sentiments. Obtention de la désaprobation du peuple pour les idées du parti ennemi, en les tournants d’une certaine manière et en leur faisant croire qu’elles sont mauvaises. La population va alors croire cela sans chercher à en savoir plus et ecouter le parti qu’ils pensent ami.

Unanimisme et effet moutonnier. Le nombre des partisans d’une idée sert à l’appuyer. Tant de monde ne peut pas se tromper, n’est-ce pas ? Cette conviction sera renforcée si l’on peut voir ces foules enthousiastes ou en faire partie.Il consiste à faire croire à une population qu’une idée donnée est tres populaire et qu’il faut qu’eux aussi la suivent pour être dans le camp des « vainqueurs ». C’est l’effet de groupe : si une majorité de personnes dans un groupe suit la même idée, les autres vont alors être tentés de la suivre, pour ne pas paraitre differents et être mis à l’ecart .

Étiquettes péjoratives : cette technique consiste à accoler simplement un nom à un groupe pour évoquer des images négatives et contrôler l’aspect réel ou imaginaire de son identité évoqué du seul fait de nommer les Huns, les Boches, les Rouges, les Viets, la Réaction les Partageux… Cette méthode renvoie à un principe plus général : le contrôle des dénominations donc du code. Il n’est pas neutre de nommer quelqu’un anti ou altermondialiste, progressiste ou radical, fasciste ou nationaliste, cosmopolite ou mondialiste, libéral ou ultra-libéral, de parler d’Ordre moral ou de bonnes mœurs, de sans-papiers ou d’immigrants en situation irrégulière. Le pouvoir commence par le celui de nommer et de circonscrire le champ du pensable et du discutable.

Argument de simplicité : réduire tout à des alternatives binaires, jouer sur la paresse mentale du public en lui proposant des explications faciles à reprendre et des jugements de valeur. C’est souvent la stratégie du Yaka…

Affirmation : On a souvent recours à l’affirmation dans la publicité et la propagande modernes. Il s’agit d’une déclaration enthousiaste ou énergique présentée comme un fait, bien que cela ne soit pas forcément vrai. On trouve des exemples d’affirmation dans la publicité moderne. Quand un publicitaire déclare que son produit est « le meilleur » sans le prouver, il a recours à l’affirmation.

Imagerie : On utilise des symboles pour convaincre les gens de s’identifier à d’autres personnes qui partagent une idéologie. Les images qui représentent les idéaux du patriotisme, du sacrifice de soi et de la loyauté sont des outils de propagande courants en temps de guerre.

La moindre de deux mauvaises options : Cette technique essaie de convaincre les gens d’adhérer à une idée ou à une proposition en la présentant comme l’option la moins offensive. On y a souvent recours en temps de guerre pour convaincre les gens de la nécessité du sacrifice ou pour justifier des décisions difficiles. Souvent, on dépeint une idée comme étant la meilleure d’entre toutes.

Insulte : On utilise des mots ou un langage méprisant qui véhicule une connotation négative pour décrire un ennemi en temps de guerre. La propagande (souvent utilisée dans les caricatures politiques) tourne l’ennemi en ridicule ou a recours au sarcasme pour créer des préjugés.

Identification de l’ennemi : Il s’agit de désigner un groupe ou une personne comme « l’ennemi ». On invite tout simplement la population à croire que l’ennemi a entièrement tort.

Gens ordinaires : On essaie de convaincre la population que la vision exprimée est celle de «Monsieur Tout-le-Monde » et qu’elle vise son bien-être. Souvent, on aura recours à l’accent local ou à des références familières pour donner l’impression d’épouser des idées et des croyances similaires aux gens visés.  L’argument de banalité consiste à rappeler que l’homme du commun pense que…, Comment aller contre le bon sens populaire ? Si Monsieur Dupont ou Mr. Smith sont de cet avis, comment contredire les évidences auxquelles croit l’homme du commun ? On songe ici au film de Kaplan Loin de la foule déchaînée, où un présentateur de radio gagnait un inquiétant pouvoir politique en se présentant comme le brave gars qui reflète ce que pensent spontanément tous ses auditeurs.

L’appel à la Peur : la Nation est en péril, nous subissons une invasion invisible, la tyrannie est à nos portes, la violence monte, un complot nous menace, A va prendre le pouvoir. La seule solution est de voter X ou de soutenir Y. Avantage collatéral, cette technique peut se combiner avec celle du Bouc Émissaire : si tout va si mal, c’est de la faute des étrangers, des capitalistes, des militaristes, des conspirateurs. Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». Faire peur, puis ensuite proposer des solutions pour remedier au probléme. La source de ce message gagne alors l’attention de celui qui le reçoit , à chaque  fois. Une population qui a peur est plus receptive aux idées qu’on veut lui inculquer qu’une autre qui se sent en sécurité. On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore: créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.

La paranoïa est un sentiment plus fort que la peur. A ce stade, la cible est prête à accepter tout ce qu’on lui dit. L’auteur de cette propagande s’evertue donc à transformer la peur en paranoïa pour mieux contrôler les pensées. Ceux qui sont à l’origine de la propagande vont par exemple faire croire que l’ennemi agit sous couverture, qu’il se cache, la population va alors commencer à soupçonner son voisin, etc…

Remplacer la révolte par la culpabilité : Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action.

Clyde Miller évoquait quatre leviers : 

  • Levier d’adhésion (virtue device) faire accepter une personne, une idée ou un parti comme « bon » en l’associant à des mots ou symboles «bons » 
  • Levier de rejet (poison device) : l’opération inverse avec des symboles du mal ou de valeurs détestées. 
  • Levier d’autorité (testimonial device) : récupérer le prestige d’un homme ou d’une institution ou exagérer la valeur exemplaire d’un cas pour faire approuver ou rejeter. 
  • Levier de conformité (together device) qui fait appel au poids de la masse des partisans ou à l’appartenance à une entité supérieure, Nation, Église pour obtenir l’adhésion. 

Ce schéma théorique n’est pas d’un raffinement extrême, mais il décrit assez bien une pratique quotidienne. Là aussi on comparera avec intérêt avec une grille des années 50 exposée par J.M. Domenach.

Pour lui, la propagande suppose :

  • la simplification et le choix d’un ennemi unique 
  • le grossissement et la défiguration des faits (ce qui ne signifie pas le mensonge systématique : moins la propagande risque d’être démentie et le trucage démontré, plus elle est efficace)
  • l’orchestration dans la répétition des thèmes principaux, 
  • la «transfusion » qui est l’emploi des mythes préexistants et affects collectifs mobilisés au service de la cause 
  • Le principe d’unanimité et de contagion : la pression conformiste du groupe sur l’individu.

Les schémas précédents se recoupent sur cette idée : la propagande prospère là où elle répond à un besoin du propagandé. Besoin d’être rassuré d’abord et d’avoir confiance dans l’opinion du groupe, de la tradition, des grandes valeurs… Second besoin : celui de rejeter, de nourrir sa peur, d’identifier le mal et les adversaires. Quant au troisième besoin, il est d’ordre cognitif : la propagande est efficace parce qu’elle rend le réel plus facile à interpréter. Elle impose des logiques binaires, des catégories attrape-tout, qui rendent le monde et l’histoire enfin compréhensibles.

Pour pouvoir faire une désinformation, il faut tout d’abord que les renseignements obtenus démontrent que les cibles sont susceptibles a être affectée par une désinformation. Cette susceptibilité provient de : 

  • une cible apte à être déformée, 
  • un état d’esprit dans la population ou chez les dirigeants tel qu’il acceptera la désinformation comme légitime, 
  • une désinformation qui doit correspondre avec leur préconception de la réalité ou leur mode, 
  • avoir des canaux de désinformation crédible et bien établis et 
  • la cible doit être convaincue que le désinformateur ne peut pas l’atteindre.

L’usage des médias de masses à des fins de désinformation transpose celle-ci aux limites de la propagande et l’usage d’agent d’influences aux limites des mesures actives. Les médias sont considérés par tous les auteurs comme une cible de premier choix pour la désinformation à des fins offensives ou défensives. L’utilisation de journalistes est utile car : 

  • ils n’ont pas toujours le temps de vérifier leurs sources à cause du milieu
  • extrêmement compétitif de leur emploi, 
  • ils sont facilement influençables (chantage, corruption), 
  • ils sont crédibles et 
  • ils ont accès à de vastes moyens de diffusion. 

Cette situation est le propre des sociétés permettant la liberté d’expression. Les sociétés ne laissant pas cette liberté sont à toute fin pratique immunisées contre la désinformation offensive.
Les journaux peuvent être un moyen de désinformation en temps de paix soit: 

  • en imitant un journal existant contenant de fausses nouvelles, 
  • en créant ou achetant un journal afin de présenter sa vision des choses, 
  • en subventionnant secrètement un journal, 
  • en utilisant des agents d’influence sur un journaliste ou 
  • par l’entremise de publi-propagande payée dans un journal à grand tirage.

Les ondes radios ne sont pas soumises aux frontières entre les états. La désinformation peut se faire : 

  • en émettant à partir d’un poste radio d’un autre pays, 
  • en utilisant une onde très proche d’une station existante ou 
  • en achetant une radio existante en temps de paix.

Ce type de diffusion est associé à la propagande noire. Aucun poste de télévision n’a été jusqu’à ce jour considérer noir, par contre le contenu de certaines émissions aurait put être influencé par certains agents occultes.
L’acteur désinforme dans un journal ou une radio soit: 

  • en ne présentant que des nouvelles fausses pour lesquelles l’auditeur ne peut vérifier, 
  • en sélectionnant que des nouvelles allant dans le sens de ses intentions, 
  • en mélangeant des informations véritables et des informations fausses, 
  • en  » commentant  » des informations vraies, 
  • en exposant des nouvelles vraies avec des preuves concrètes dans un contexte qui en changent le sens, 
  • en grossissant et défigurant les informations vraies afin de susciter des sentiments forts chez les auditeurs, 
  • en donnant une répartition inégale de la longueur et de la qualité des informations, 
  • en habillant une information fausse avec un fait réel et 
  • en donnant l’information sans conclusion de façon à ce que l’auditeur fasse lui-même la conclusion qui s’impose. Remarquez que certains journalistes utilisent ces techniques pour présenter leurs points de vue sans que cela paraisse.

La première étape à toute action psychologique est la recherche de renseignement. Celle-ci peut se faire grâce à des techniques de recherche de marché (sondage d’opinion, etc.), entrevue, interrogatoire ou de l’analyse de contenus de documents. La recherche de renseignement vise à : 

  • définir les audiences clefs dans une population, 
  • évaluer les attitudes et les motivations des gens, 
  • analyser les vulnérabilités d’audience spécifiques et 
  • déterminer le meilleur moyen d’atteindre ses objectifs.

La deuxième étape d’une propagande consiste à choisir le contenu du message, les moyens de communications et les techniques utilisées en fonction des objectifs, de la situation et de l’audience ciblée. Il est important que le contenu du message soit cohérent avec ce que les gens croient. La troisième étape consiste à planifier la logistique nécessaire et à transmettre la propagande.

Le propagandiste doit tenir compte de plusieurs facteurs pour élaborer son message. Ce dernier doit : 

  • attirer l’attention, 
  • être compréhensible par la cible, 
  • ne pas l’offenser, 
  • activer des besoins individuels et fondamentaux et 
  • proposer une réponse pour une collectivité car les comportements sont fortement influencés par son rôle et son groupe de pairs.

Les facteurs de persuasion sont les mêmes qu’en publicité : 

  • la source doit être crédible, prestigieuse et/ou similaire à la cible , 
  • le contenu dépend des objectifs, mais il doit être semblable aux attitudes de la cible , 
  • de façon générale, les masses médias sont plus efficaces et 
  • l’audience cible doit être celui ayant les attitudes les moins prononcées.

La dernière étape consiste à mesurer les effets d’une action. Les mêmes sources d’informations sont nécessaires que pendant la première étape. En temps de paix, les études de marchés sont simples à effectuer car elles sont faites sans crainte de contrôle gouvernemental. En temps de guerre, la situation devient plus complexe à évaluer et plusieurs questions se posent. Quel critère utiliser pour mesurer l’effet d’une action psychologique, comment le mesurer et comment accéder à l’audience ciblée? Le problème devient encore plus obscur lorsqu’on touche à la propagande militaire.

Le succès dépende de deux facteurs principaux :

  • Les techniques relatives au contenu du message
  • leur adaptation aux objectifs et à l’environnement de la propagande

Il faut faire en sorte que la cible (disons «le propagandé») :

  •  tienne pour vraies certaines affirmations. Leur contenu peut souvent se résumer en un slogan : « nous dépasserons le plan quinquennal », « nous vaincrons parce que nous sommes les meilleurs », « voter Machin, c’est assurer la paix et la prospérité », « la loi Truc est inique et scandaleuse »…
  •  qu’il adhère aux valeurs et comportements qu’impliquent ces affirmations. Pareille adhésion peut se traduire par des attitudes allant de l’acceptation passive des mesures du gouvernement jusqu’au brûlant désir de militer ou de mourir pour la patrie. D’une vague complicité, plus ou moins conformiste, à une conversion totale, il ne s’agit pourtant que des degrés de l’identification de l’individu à une institution ou un projet. Le but final est de changer le monde bien plus que de multiplier le nombre de croyants en une vérité.

Pour les objectifs, la propagande sert à faire entrer dans un cerveau humain, et dans des proportions diverses, des informations (au sens d’énoncés, d’assertions, de descriptions de la réalité), des représentations (des symboles, des catégories générales, des images de certaines réalités abstraites comme la Nation, le Prolétariat ou le Droit), des valeurs, des décisions (« oui je voterai Machin »), des émotions (« ces Poldèves, quelles brutes sanguinaires ! »)… 

Cela peut servir à un de ces fins (qui se chevauchent souvent) : 

  • à un endoctrinement de fond, 
  • à maintenir le propagandé dans un état qui lui fasse percevoir le monde où il vit comme naturel, acceptable ou inéluctable : c’est ce que nous pourrions appeler de la propagande pour le système
  • à provoquer un engagement jusqu’au sacrifice, 
  • à inciter à des choix simples à un moment précis (voter oui ou on à un referendum), 
  • à contrôler empêcher les mauvaises nouvelles de circuler et l’opposition de s’exprimer,
  • à maintenir le moral de la population dans des circonstances comme une guerre et à atteindre le moral adverse, 
  • à célébrer les mérites d’un dirigeant ou candidat, comme ceux d’une marque commerciale (mais dans ce dernier cas, il vaut mieux parler de marketing politique que de propagande..).

Certains canaux visent la population dans son ensemble, tandis que d’autres ciblent des groupes spécifiques. Les canaux qui touchent la population dans son ensemble sont : les médias de masses (presse, radio, films, télévisions, etc.), les communications informelles (rumeur, conversation), les organisations de masses (ONG, groupes communautaires), manifestation culturelle (fête, sports) ou des mouvements de masse ( mouvement écologique, pacifique, etc.). Les canaux qui ciblent des groupes spécifiques sont des périodiques spécialisés, des organisations professionnelles (congrès, etc.), des signes prétendus confidentiels, personnes influentes ou des agents d’influence (membre des services de renseignement). Les destinataires peuvent être atteint par plusieurs canaux ce qui augmente la crédibilité de la désinformation.

Propagande de guerre

Durant la Grande Guerre, la propagande, dont le rôle consistait surtout jusque là à glorifier le souverain ou à répandre des idées révolutionnaires, acquiert de nouvelles dimensions :
– susciter à volonté l’hostilité des masses et leur capacité d’accepter les plus grands sacrifices
– mobiliser et coordonner l’appareil bureaucratique et les médias de manière qui se veut scientifique
– censurer, désinformer, contrôler les informations disponibles en dépit du pluralisme de la presse.

Lord Ponsonby, un aristocrate anglais, socialiste et pacifiste, résuma ainsi les méthodes utilisées pendant le conflit :

Il faut faire croire :

  • que notre camp ne veut pas la guerre 
  • que l’adversaire en est responsable 
  • qu’il est moralement condamnable 
  • que la guerre a de nobles buts 
  • que l’ennemi commet des atrocités délibérées (nous pas) 
  • qu’il subit bien plus de pertes que nous 
  • que Dieu est avec nous 
  • que le monde de l’art et de la culture approuve notre combat 
  • que l’ennemi utilise des armes illicites (nous pas) 
  • que ceux qui doutent des neuf premiers points sont soit des traîtres, soit des jobards victimes des mensonges adverses (car l’ennemi, contrairement à nous qui informons, fait de la propagande.

Alvin Toffler retombe sur une énumération assez similaire de recettes :

  • Accusations d’atrocités (atrocity propaganda, un terme datant de 14-18), 
  • Gonflement des enjeux (la guerre devient un affrontement métaphysique du Bien et du Mal), 
  • Diabolisation de l’adversaire (ce qui équivaut souvent à son « hitlérisation »), 
  • Polarisation (ou bien on est pour le camp du Bien, ou bien pour celui du Mal), 
  • Appel à la sanction divine (Dieu est avec nous), 
  • Méta propagande, c’est-à-dire accusation de propagande lancée contre toute information provenant de source adverse ou toute assertion contestant la votre. Bénéfice secondaire : on peut, par exemple, bombarder la télévision serbe, al Jazira ou al Manar sans commettre un crime, puisque ces gens là font de la propagande pour la tyrannie et le terrorisme qui menacent la liberté d’opinion.

En temps de guerre la radio peut servir à démoraliser l’adversaire 

  • en lui donnant de fausses mauvaise nouvelle, 
  • en excitant les ennemis de nos ennemis ou 
  • en donnant de vraies informations militairement tactiques pour ensuite donner de fausses informations afin de tendre une embuscade.

La propagande stratégique (ou guerre politique) concerne les stratégies de communication et de politique nationale ayant pour but de faire la promotion à la population adverse ou alliée que leurs intérêts sont mieux servis avec le pays . Les objectifs de la propagande stratégique sont généralement à long terme (changer les attitudes des individus). Elle peut s’allier à la désinformation quand elle tente d’exposer au maximum ses forces, de cacher ses faiblesses et de faire croire que les intérêts du pays vont en fonction du bien-être de l’humanité.

Pour modifier les attitudes à un niveau défensif, le propagandiste expose les avantages de sa politique étrangère tout en cachant ses inconvénients. Les messages transmis visent à influencer l’opinion publique de son pays soit pour justifier les actions du gouvernement, soit pour augmenter le moral de la population ou soit pour favoriser l’appui de la population envers le gouvernement. Afin d’acquérir la vertu et donc le support de sa population, il est important de faire percevoir à celle-ci que les ennemis sont soit des sous-humains, soit le mal incarné ou soit normal, mais mal dirigé. Le gouvernement peut désinformer la population avec l’aide de la propagande pour :

  • éviter de renseigner l’ennemi ou de désinformer l’ennemi par le biais des renseignements donnés à notre population,
  • ne pas démoraliser la population en leur donnant de mauvaises nouvelles,
  • ne pas réduire la production en leur donnant de trop bonnes nouvelles ( » ça ne sert plus à rien de se forcer, on gagne « ) et
  • pour cacher les crimes de guerres ou les actions moins honorables.

Dans sa version offensive, ce type de propagande permet d’améliorer le succès d’une campagne militaire en brisant la volonté de résister d’une population sans tout détruire dans le pays. Les messages visent à délégitimer les actions de leur gouvernement, baisser le morale et réduire les appuies de la population envers le gouvernement antagoniste. La population ennemie est une cible intéressante car :

  • elle influence l’élite aux pouvoirs,
  • elle est le moteur principal de production,
  • elle peut supporter des groupes subversifs au pouvoir établi et
  • elle soutient le moral des soldats en permission.

En aucun cas une propagande ne sera efficace si on attaque l’idéologie d’un système car c’est ce qui donne un sens à la réalité de la masse.

Propagande tactique

Bien que toute action militaire provoque des réponses psychologiques ( affect de peur, baisse de morale, stress, etc.) intentionnellement ou non , il ne s’agit pas de propagande tactique. La propagande tactique ou guerre psychologique implique toute forme de communication utilisée pour faire support aux combats et pour modifier le rapport de force par son influence sur les esprits. Elle supporte soit en:

  • informant l’adversaire sur les procédures à suivre pour se rendre ,
  • augmentant l’impact des armes puissantes,
  • baissant le morale des troupes en faisant croire la défaite inévitable,
  • supportant les partisans alliés,
  • instiguant du stress ,
  • contrôlant les civils (n’allez pas sur la plage, il y a des combats) et
  • en contre-attaquant la propagande ennemie en affirmant que s’ils se rendent, les soldats seront bien traités.

Les objectifs ciblés par une telle pratique sont à court terme, ils ne visent pas un changement d’attitude et, de plus, ils peuvent dans certains cas être en contradiction avec les objectifs politiques.

Le premier document faisant mention de techniques de manipulation, est « l’Art de la Guerre », attribué à Sun Tzu (auteur ou groupe d’auteurs) dont on ne sait rien, si ce n’est qu’il vécu quelques siècles av.J-C. en Chine à peu près à la même époque que Confucius. Toujours est-il que l’on se doit de supposer qu’il s’agissait d’un excellent stratège, vu le contenu de son ouvrage:

(Extraits de l’Art de la Guerre)

« Tout l’art de la guerre est fondé sur la duperie ».

« Ceux qui sont experts dans l’art de la guerre soumettent l’armée ennemie sans combat. Ils prennent les villes sans donner l’assaut et renversent un état sans opération prolongées ».

« Toute campagne guerrière doit être fondée sur le faux-semblant; feignez le désordre, ne manquez jamais d’offrir un appât à l’ennemi pour le leurrer, simulez l’infériorité pour encourager son arrogance, sachez attiser son courroux pour mieux le plonger dans la confusion: sa convoitise le lancera sur vous pour s’y briser. »

« Lorsque l’ennemi est uni, divisez-le; et attaquez là où il n’est point préparé, en surgissant lorsqu’il ne s’y attend point. Telles sont les clefs stratégiques de la victoire, mais prenez garde de ne point les engager par avance. »

/ Persuasion, mobilisation, manipulation : les recettes des professionnels, 13 08 2012

La propagande dans les Etats totalitaires

Techniques de manipulation des masses

Techniques de propagande

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