Propagande noire, propagande blanche, propagande grise

5 novembre 2012 § Poster un commentaire

Il existe trois types de propagande: blanche, noire et grise avec chacune sa spécificité.

La propagande complète la censure, à la différence que la première manipule l’information et la seconde la supprime. Basée sur une même stratégie de domination, cette manipulation créée une dépendance entre la censure et la propagande. De ce fait, la censure met en place un système répressif devant être accompagnée par la propagande, qui comblera le vide laissé, en y instaurant un aspect idéologique.

– La « propagande blanche » provient d’une source ouvertement identifiée. Principalement usée par les gouvernements, elle sert surtout à renforcer un sentiment déjà acquis par la population. Elle sert aussi à faire passer une idée unique en excluant toute les autres, par la censure par exemple. Des pays comme la Chine ou la Russie utilisent ce type de propagande. Leur politique est claire, à tel point qu’ils ont au sein de leur gouvernement des bureaux ou départements destinés à valoriser le pays. En Chine, le Département de la propagande édicte les règles du parti aux médias, ses ministres ou le président lui même n’hésitent pas chaque année à recentrer les médias en accordant une interview sur les bienfaits de la propagande.

– La « propagande noire » provient d’une source qui s’en cache, prétendant appartenir à un côté du conflit alors qu’en réalité elle appartient à l’autre. Il vise à déstabiliser et discrediter l’opposition. Par exemple, entre 1941 et 1945, les soldats allemands pouvaient écouter de la musique et des informations de deux stations de radio diffusant en allemand, Radio-Atlantik et Soldatensender Calais. Elles diffusaient aussi des renseignements sur les rues des villes allemandes bombardées et beaucoup de renseignements pratiques pour les soldats. En réalité, ces stations émettaient depuis la banlieue de Londres et glissaient, de temps à autre, une information fausse au milieu des vraies informations souvent diffusées, elles, avant la radio officielle allemande, notamment lors du débarquement  le 6 juin 1944 où elle a fait croire à l’armée Allemande que l’aire de débarquement était plus vaste qu’en réalité. De la sorte, la source noire assure sa crédibilité car l’auditeur peut recouper la majeure partie des informations reçues et donc être enclin à accepter aussi l’information « noire ».

– La « propagande grise » n’a pas de source identifiable. Elle provient d’une source soi-disant neutre, mais en réalité hostile. Cette technique a été utilisé par les Américains lors de la Guerre Froide. C’est une technique qui semble provenir d’une source amie lors d’une situation conflictuelle, qui parfois est mise en place par la source ennemie elle-même… Les techniques particulièrement employées sont la diffamation, la rumeur et le dénigrement.

Les deux derniers types de propagandes sont les plus dures à reconnaitre et à localiser.

Voir également : Quelques techniques courantes de propagande

L’intelligence économique distingue l’information dites «  ouverte  » comme une information mise dans le domaine public par son détenteur et l’information «  fermée  » dont l’accès est interdit à des tiers. Dans des domaines comme la Défense, l’information fermée est classifiée en niveaux de confidentialité. Ainsi, comme le dit Laurent Hermel une même information va être «  totalement inaccessible à certains acteurs et totalement ouverte pour d’autres  ».

Cette première distinction en entraîne une deuxième. Selon que l’information est délivrée plus ou moins volontairement par la source, elle sera «  blanche, grise ou noire  ». Le blanc correspond à «  une information aisément et licitement accessible  »  et/ou accessible par les moteurs de recherche classiques. L’information grise est «  une information licitement accessible, mais caractérisée par des difficultés de connaissance de son existence ou de son accès  », elle nécessite des techniques plus avancées. Il faudra donc faire un effort pour y accéder (se rendre sur un salon, activer un réseau…). Quant au «  noir  », il s’incarne dans une information «  à diffusion restreinte et dont l’accès ou l’usage est explicitement protégé  ». Or, l’acquisition illicite d’informations protégées s’appelle justement de l’espionnage (industriel).

Information blanche

  • Facilement accessible par tous
  • Peu de valeur
  • Nécessite tri et traitement important
  • Veille, bibliométrie, data-mining
Information grise
  • Information difficilement accessible
  • A forte valeur
  • Souvent informelle
  • Indiscrétions, salons, …
  • Intelligence économique
Information noire
  • Information ne pouvant être acquise que de façon illégale
  • Information décisive pour l’entreprise
  • Relève de l’espionnage industriel

Cette distinction largement admise entre «  blanc, gris, noir  » délimite les frontières entre ce qui est autorisé et ce qui est interdit, ce qui est légitime et ce qui est illégitime. Elle invite clairement le chef d’entreprise à intégrer des règles de déontologie dans la façon dont il collecte, traite et diffuse l’information économique.

On considère souvent que l’information grise est de meilleure qualité que l’information blanche et possède une plus haute valeur stratégique.

Pourtant, il ne faut pas croire que l’information blanche ne soit pas stratégique, car un ensemble organisé de concurrents (pôles de compétence, clusters) qui dispose d’une grille d’analyse de données structurée et puissante, telle qu’un registre de métadonnées, est en mesure de capter et de structurer, sur le long terme, le capital immatériel d’un ensemble d’organisations travaillant sur le même marché.

Aujourd’hui, la propagande n’égale pas celle des années 1920-1930, elle est gérée par « l’agenda des médias ». Maxwell McCombs et Donald Shaw mettent cette théorie en évidence dans les années 1970. L’idée est que « Les médias ne disent pas aux gens ce qu’ils doivent penser, mais à quoi ils doivent penser ». Les gens sont donc orientés et peuvent se permettre de ne pas penser. La propagande est mise de côté pour privilégier une guerre de l’information.

Remarque

Un événement est un fait qui retient l’attention des médias et du public. La fonction agenda est dans ce sens un ensemble hiérarchisé. Les évènements n’ont pas toujours la même valeur pour les médias, ils seront donc classifiés, par ordre d’importance, le rédacteur en chef effectue alors un choix, un jugement de valeur pour savoir si un événement est digne d’attention. Il est important de noter que ce jugement de valeur est tout à fait subjectif et dépend du rédacteur. Les faits devraient être choisis en fonction de l’intérêt que peut porter le public sur ce fait.

L’agenda des médias est limité, car le traitement des évènements dépend de certains critères: économique, politique, ressource humaine. Il est aussi limité dans le temps et le traitement qu’il est possible d’en faire. Dans un reportage d’investigation, un sujet peut être traiter en 45 minutes environ, le temps est large mais limité en nombre d’évènements, alors que dans un journal télévisé, le sujet est traité dans un temps plus court, mais le nombre de sujet est dense : entre 7 et 8 évènements.

/ Approche globale de la propagande, 18 10 2012

Blanc, gris ou noir ? 06 07 2008

Intelligence stratégique: information blanche, grise et noire, 02 05 2012

Wikipédia :Veille en entreprise

La propagande dans les états totalitaires

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